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10 avril 2010 6 10 /04 /avril /2010 19:41

En septembre 2009, la Caisse Nationale de Solidarité pour l'Autonomie (CNSA) a notifié aux Conseils généraux le concours définitif destinés au financement de l'APA pour 2008. La lecture de ce document éclaire sur la disparité des dépenses départementales en faveur des personnes âgées.

Qu'est-ce que l'APA ?

L'Allocation Personnalisée d’autonomie (APA), entrée en vigueur le 1er janvier 2002 est une aide financière pour les personnes âgées de 60 ans ou plus, résidant à domicile ou en établissement et confrontées à des situations de perte d’autonomie. Le niveau de dépendance est évalué selon une grille d'aptitude aux gestes quotidiens (classement GIR 1 à 4). Pour répondre aux besoins particuliers de chaque bénéficiaire, une équipe médico-sociale élabore un plan d'aide. Il n'y a pas de conditions de ressources pour avoir droit à l'APA. Néanmoins, les bénéficiaires participent, en fonction d'un taux qui croît avec leur revenu, au financement du plan d’aide accordé (ticket modérateur).

Pour en savoir plus : DREES – Etudes et résultats n° 590 – mai 2009

Combien coûte l'APA ?

Les dépenses obligatoires financées par les départements se sont élevées à 4,855 milliards d'euros (Md€) en 2008. Elles résultent de l'augmentation des bénéficiaires et du montant des plans d'aide, eux-mêmes liés au degré de dépendance des bénéficiaires.

Au 31 décembre 2008, 1 115 000 personnes bénéficiaient de l’APA. Avec le vieillissement de la population, le nombre de bénéficiaires progresse fortement : + 5% en 2007 ; + 3,4% en 2008.

On distingue les bénéficiaires de l'APA qui vivent à leur domicile (62% fin 2008) ou en établissements d’hébergement pour personnes âgées (38%). La part des personnes peu dépendantes (GIR 4) représente 45 %. Leur proportion est beaucoup plus élevée à domicile (58 %) qu’en établissement (25 %).

Le montant des plans d'aide à domicile s'élève à 494 € par mois, stable en 2008 par rapport à 2007. Selon du degré de perte d’autonomie, il peut s'échelonner de 349 € à 1 007 € en moyenne par mois. Le montant moyen du tarif dépendance facturé en établissements pour personnes âgées, qui ne sont pas sous dotation globale, s’élève à 460 € par mois (dont 313 € à la charge des conseils généraux).

Source : DREES – Etudes et résultats n° 590 – mai 2009

Qu'est-ce que la CNSA ?

Etablissement public créé en 2004 et en activité depuis le 1er janvier 2006, la CNSA est à la fois une « caisse » chargée de répartir les moyens financiers et une « agence » d’appui technique.

La CNSA dispose de ressources provenant de l'Etat et de la Sécurité sociale.

  • Contribution solidarité autonomie (journée de solidarité) : 2,3 milliards d'euros (Md€) en 2008
  • Taux de 0,1 % de la Contribution Sociale Généralisée (CSG) : 1,12 Md€
  • Contribution des caisses de retraite : 65 millions
  • Transfert des crédits des Caisses d'Assurance Maladie : 13,2 Md€.

Une partie de ces ressources est versée aux conseils généraux pour financer les aides individuelles : l’APA pour les personnes âgées et la prestation de compensation du handicap (PCH) pour les personnes handicapées.

La CNSA soutient en outre diverses actions d'accompagnement de la perte d’autonomie des personnes âgées et des personnes handicapées : prise en charge collective ; actions innovantes ; profesionnalisation des métiers en faveur des personnes âgées...

La CNSA affecte le solde à l'offre collective, c'est-à-dire aux dotations annuelles destinées aux établissements et services médico-sociaux, accueillant ou accompagnant des personnes âgées et des personnes handicapées.

Pour en savoir plus : site internet de la CNSA

Comment est calculé le concours de la CNSA au titre de l'APA pour chaque département ?

En 2008, la CNSA a procédé à la répartition entre les départements d'un concours au titre de l'APA s'élevant à près de 1,6 milliards d'euros (Md€). Le calcul se décompose en 3 étapes :

1) La CNSA détermine un coefficient pondéré pour chaque département, à partir des quatre critères suivants :

  • le nombre de personnes âgées de plus de 75 ans (pondéré à 50%) ;
  • le montant des dépenses obligatoires d'APA déclarées par les départements (20%) ;
  • le nombre de bénéficiaires du RMI (5%) ;
  • le potentiel fiscal qui est un critère de richesse fiscale de la collectivité (- 25%)

Les pourcentages obtenus sont additionnés et rapportés à 100%. Ce coefficient est d'autant plus élevé que la collectivité recense un grand nombre de bénéficiaires de l'APA et du RMI, qu'elle a d'importantes dépenses d'APA et un moindre potentiel fiscal. Le coefficient, appliqué au montant de 1 598 898 495 €, permet de répartir un montant provisoire entre les départements.

2) La CNSA vérifie ensuite que la charge nette supportée par chaque département, c'est-à-dire le montant de la dépense APA 2008 diminuée du montant provisoire, ne dépasse pas 30% de son potentiel fiscal. Le cas échéant, les quelques départements concernés voient leurs charges nettes plafonnées. Le montant qu'ils ne supportent plus est alors réparti entre tous les autres départements. A contrario, cela signifie qu'ils perçoivent un versement complémentaire pour rester sous le seuil de 30% du potentiel fiscal. Cette péréquation implique de corriger la répartition du concours attribué à chaque département.

3) Après soustraction des acomptes déjà versés de ce concours définitif, la CNSA détermine le solde à verser à chaque département.

Quelle est la répartition du financement de l'APA au niveau national en 2008 ?

Les dépenses de l'APA prises en charge par les conseils généraux en 2008 étaient estimées à 4,9 Md€. Ils ont été remboursés par la CNSA à hauteur de 1,6 Md€, soit près de 33%.

Quelles sont les dépenses affectées à l'APA pour chaque département ?

Le graphique ci-dessous présente le montant des dépenses d'APA, en 2008, en distinguant la part nette supportée par chaque département et le concours de la CNSA. Celui-ci est calculé selon les 3 étapes présentées précédemment. Le département du 59.Nord gère une dépense totale de 193 M€ ; la 973.Guyane de 3,8 M€.

Aucun département ne paie plus de 30% de son potentiel fiscal. Le concours de la CNSA couvre une part variable de l'allocation versée par le conseil général, selon les critères : entre 7,2% pour les 92.Hauts-de-Seine et 55,5% pour la 23.Creuse.

Cliquer sur le graphique pour le voir à sa taille originale.

APA1 depenses2008

Quelle est la répartition des bénéficiaires de l'APA entre les départements ?

Le nombre de bénéficiaires de l'APA et les dépenses consacrées sont liées à la démographie du département. Un département plus peuplé aura proportionnellement plus de personnes âgées et donc plus de bénéficiaires qu'un autre moins peuplé. Ainsi, les départements qui recensent une importante population, comme les 13.Bouches-du-Rhône et le 62.Pas-de-Calais comptent plus de 30 000 bénéficiaires.

A l'inverse, les départements qui ont une population plutôt jeune, comme la 973.Guyane, comptent moins de bénéficiaires (588).

En neutralisant l'effet « population », on constate que le taux des bénéficiaires est variable, indépendamment de l'effectif de la population. En effet, l'ouverture des droits est une démarche propre à chaque département, voire plus localement, à chaque équipe médico-sociale.

Le graphique suivant donne, pour chaque département, le nombre de bénéficiaires de l'APA pour 1000 personnes âgées de plus de 60 ans, pour dégager une tendance moyenne et des disparités.

La part des bénéficiaires fluctue entre environ 5/°° (78.Yvelines ; 91.Essonne ; 92.Hauts-de-Seine ; 973.Guyane) et 14/°° (2A.Corse du Sud ; 974.Réunion). La moyenne est de l'ordre de 9/°°.

APA2_benef_PA60ans.jpg

Quel est le montant de l'APA par rapport au nombre de personnes âgées de plus de 60 ans ?

Toutes les personnes âgées de plus de 60 ans n'ont heureusement pas besoin de l'aide financière. Toutefois, ce ratio permet de mettre en évidence le coût de la dépense au regard de l'ensemble des bénéficiaires potentiels et les disparités entre les départements. Pour un individu, par an, le montant s'étend de 214 € en 91.Essonne à 1008 € à la 974.Réunion. La moyenne est de 386 €. Il est précisé que ce chiffre n'a rien à voir avec le montant moyen du plan d'aide.

APA3_dep_moy_PA60ans.jpg

Quel est le montant moyen de l'aide annuelle pour un bénéficiaire ?

La CNSA a reconstitué le montant annuel des dépenses d'APA 2008 par bénéficiaire d'un paiement au 31 décembre 2008. Le montant moyen annuel, pour un bénéficiaire, se situe entre 3 500 € et 5 000 €, à l'exception des départements d'outre-mer qui sont dans la fourchette haute et des départements de la 55.Meuse et 68.Haut-Rhin pour les montants les moins élevés. La moyenne de l'allocation individuelle est de l'odre de 4 300 €.

Le graphique qui suit met en évidence la disparité des situations d'un département à l'autre : il croise le nombre des bénéficiaires pour 1000 personnes âgées de plus de 60 ans et le montant moyen de l'aide annuelle par bénéficiaire.

APA4_dep_benef_2008.jpg

Les critères de répartition du concours de la CNSA favorisent-ils la péréquation ?

La péréquation consiste à redistribuer des ressources pour atténuer des inégalités socio-économiques ou géographiques entre collectivités territoriales.

Les critères, fixés par la loi, pour répartir le concours de la CNSA sont : le nombre de personnes âgées de plus de 75 ans, le montant des dépenses payées par le département, dans une moindre mesure, le nombre de bénéficiaires du RMI et le potentiel fiscal (a contrario).

Observée dans son ensemble, la répartition du concours de la CNSA paraît péréquatrice. Les départements dont le potentiel fiscal est le plus élevé (représenté sur le graphique par des triangles rouges, vers la droite) ont perçu un courcours moindre que les départements moins favorisés par leurs bases fiscales. Cependant, les modalités de répartition étant prédominées par les critères de dépenses (population de plus de 75 ans ; dépenses totales), on constate des différences significatives pour des départements ayant des niveaux de potentiel fiscal voisins.

APA5_perequation_PF_partCNSA.jpg

On peut s'étonner que le nombre de bénéficiaires de l'APA n'intègre pas directement le calcul. De même, le calcul ne prend pas en compte des indices de structure, pour neutraliser l'effet démographique, comme par exemple, le nombre de personnes de plus de 75 ans pour 1000 habitants. On peut aussi regretter que la dispersion des montants des plans d'aide, dont la générosité contribue au montant des dépenses, ne soit pas attenuée par un mécanisme de pondération autour d'une moyenne.

Liens :

CNSA : www.cnsa.fr

Ministère de la Santé - informations statistiques sur l'APA

Sources :

CNSA - Notification des concours définitifs destinés au financement de l'APA et de la PCH - exercice 2008

1) Page de garde (document PDF accessible à partir de l'interface Calameo.com)

2) Etapes de calcul des concours défintifs versées aux départements et données relatives au montant de l'APA (document PDF accessible à partir de l'interface Calameo.com)

DREES – statistiques APA : http://apaenquete.sante.gouv.fr/apaenq/indicateur.do

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1 mars 2010 1 01 /03 /mars /2010 08:48

Alors qu'ils rencontrent des difficultés pour boucler leurs budgets, les conseils généraux sont nombreux à observer que l'Etat leur doit beaucoup d'argent, après leur avoir confié de nouvelles compétences.

Voir, par exemple, le site internet « Gironde en danger » où défile une estimation de « ce que l'Etat doit aux Girondins ».

Une des compétences transférées, en 2004, a été le versement de l'allocation du Revenu Minimum d'Insertion (RMI). En juillet 2009, le Revenu Minimum d'Insertion a cédé la place au Revenu de Solidarité Active (RSA). Mais la question demeure : qui finance vraiment les dépenses d'insertion ?

Cet article fait le point sur les modalités de compensation du RMI, pour faire la part des choses dans ce débat.

Le coût du transfert du RMI a été compensé conformément à la Constitution

Depuis la création du RMI, il incombe aux départements le développement d'actions d'insertion pour les bénéficiaires. En 2004, l'Etat a tranféré aux départements une nouvelle compétence en matière d'insertion : la gestion et le versement de l'allocation.

Conformément à l'article 72-2 de la Constitution, quand l'Etat transfère une compétence existante aux collectivités locales, il doit compenser intégralement les dépenses qu'elle engendre. Le montant de la compensation est fixé par la loi, à partir des dépenses que l'Etat consacrait lui-même auparavant à cette mission. Il a été estimé que les dépenses consacrées à la gestion et au versement de l'allocation du RMI s'élevaient, au 31 décembre 2003, à 4,9 milliards d'euros (Md€). On peut toujours discuter les modalités du calcul, mais là n'est plus le sujet. Le montant a été validé par le législateur.

En guise de compensation, l'Etat a attribué aux départements une nouvelle recette fiscale : une fraction de la Taxe Intérieure sur les Produits Pétroliers (TIPP) d'un montant équivalent.

La constitution a ainsi été appliquée et respectée.

Le transfert du RMI s'est avéré plus coûteux que prévu pour les départements

Cependant, il est apparu un décalage entre le montant de la compensation et les dépenses réellement supportées par les départements, dès la première année. Le gouvernement, alors dirigé par J.P. Raffarin, a fini par reconnaître que les dépenses d'insertion « ont connu un dynamisme marqué en 2004, de 10 % environ par rapport à la dépense 2003. »1

En effet, le nombre de bénéficiaires du RMI a augmenté alors que la situation économique et le marché du travail se sont dégradés. De plus, une réforme de l'assurance chômage a réduit les durées d'indemnisation2, faisant basculer plus précocement les demandeurs d'emploi vers le RMI. Enfin, l'allocation de base est revalorisée chaque année.

De mars 2003 à mars 2007, le nombre des allocataires du RMI a ainsi progressé de 1,10 million à plus de 1,25 million. Par la suite, ce nombre est retombé à environ 1,12 million fin 2008. Avec la récession économique qui a succédé à la crise financière, le nombre des allocataires et les dépenses de RMI repartent à la hausse en 2009. Le graphique qui suit met en parallèle l'évolution du nombre d'allocataires et celle du taux de chômage.

evolution alloc RMI 2002 2009
Après la réforme intervenue en 2004, l’aide sociale aux allocataires du RMI (incluant les contrats d’insertion-revenu minimum d’activité (CI-RMA) et les contrats d’avenir) est devenue la principale dépense des départements. En 2007, elle a représenté 29 % du total des quatre grandes catégories de dépenses nettes (après déduction des remboursements que peuvent recouvrer les départements sur ces dépenses). Elle devance l’aide sociale aux personnes âgées (26 %), l’aide sociale à l’enfance (25 %) et les dépenses relatives aux personnes handicapées (20 %).3

En France métropolitaine, les dépenses nettes liées au RMI (allocation et actions d'insertion), aux CI-RMA et aux contrats d’avenir sont passées de 5,435 Md€ en 2004 à 6,255 Md€ en 2008, soit une augmentation de 15 % en euros constants.

Le transfert du RMI est médiocrement compensé par la TIPP

Pour financer l'allocation de RMI, les départements perçoivent une part d'un impôt de l'Etat : la TIPP. Chaque année, l'Etat renonce à une partie de cette recette. Cependant, les conseils généraux ne maîtrisent pas la progression de cet impôt.

La TIPP se révèle une forme de compensation inadéquate : elle évolue à l'inverse de la dépense qu'elle compense et n'a aucun avenir, alors que la politique en faveur du développement durable vise à réduire la consommation d'hydrocarbures.

Son montant est certes garanti à 4,9 Md€, mais il n'est ni revalorisé par le gouvernement et ni revalorisable par les conseils généraux.

Versement d'une compensation du RMI au-delà des obligations constitutionnelles

Le décalage entre les compensations de 4,9 Md€ versées par l'Etat et les dépenses de RMI supportées par les départements s'est ainsi accru au fil des années. On parle d'un « effet de ciseau ».

Le gouvernement a accepté d'allouer des ressources supplémentaires aux conseils généraux.

Les efforts fournis par l'Etat, au-delà de ses obligations constitutionnelles, ont été :

- pour l'année 2004, un ajustement de la compensation pour couvrir 100% des dépenses des départements par un abondement de 457 M€.

- la création en 2006 d'un Fonds de Mobilisation Départementale pour l'Insertion (FMDI) : 500 M€ par an depuis 2006 (pour 2005). Le dispositif est encore reconduit en 2010. Au total, 2,5 Md€ ont été versés (ou prévus) pour compenser les dépenses de 2005 à 2009.

- la compensation du revenu minimum d'activité (RMA), alors qu'il n'y avait pas d'obligation juridique : le contrat RMA est un outil jurique mis à la disposition des départements et non une compétence obligatoire transférée. L'ajustement a été de l'ordre de 824 000 € par an.4

- l'extension du RMI en RSA par l'ajout de l'API (allocation de parent isolé) : compensation de 300 M€ en 2009 puis 600 M€ en année pleine à partir de 2010. Seule l'API, qui était jusqu'alors prise en charge par l’État, devait être compensée.

- la non récupération de compensations dont le montant avait été surestimé : 22 M€ en 2009 et environ 45 M€ en 2010.

On peut donc conclure que l'État a respecté les obligations constitutionnelles, allant même au-delà, pour accompagner la gestion départementale des dépenses relatives au RMI. Au 31 décembre 2008, il a versé près de 2,5 Md€ supplémentaires. Les lois de finances 2009 et 2010 prévoient près de 2 Md€ en plus.

Un partage implicite des dépenses d'insertion

Malgré ces compensations supplémentaires, les départements dénoncent des dépenses toujours croissantes qu'elles ne maîtrisent pas, liées à l'insertion.

En se fondant sur l'hypothèse extrêmement optimiste d'une stabilisation de la dépense de RMI en 2007, un rapport parlementaire5 estimait à près de 1,4 Md€ restant à la charge des départements au titre des exercices 2005 à 2007. A la fin 2008, sur la base des dépenses établies de la DREES, on peut estimer la différence cumulée supportée les départements, à la fin 2008, à 2,93 Md€.

 partage-depenses-RMI.jpg

L'Etat finance indirectement environ 85 % des dépenses d'insertion, puisqu'il prélève d'une de ses recettes fiscales (la TIPP) ce qu'il verse en compensation aux départements. Toutefois, il laisse aux départements plus de la moitié des dépenses d'insertion qui étaient imprévues en 2004, sans véritable concertation. Après une période de déni, le gouvernement a argué que les départements disposaient de recettes sur la fiscalité immobilière qui leur permettaient d'absorber les surcoûts.

En août 2007, des députés de l'opposition ont déposé une proposition de loi visant à assurer la stricte compensation des charges engagées par les départements au titre du versement du RMI, en supprimant la référence à l'année 2004.6 Le gouvernement a rejeté cette idée, considérant que cela consisterait à demander à l'État de régler, tous les ans, les factures que leur présenteraient les départements ; ce serait contraire à l'objectif de responsabilisation des élus locaux dans la gestion de leurs politiques. Prônant la rigueur budgétaire, le gouvernement refuse de compenser l'intégralité des dépenses supportées par les départements, pour inciter ceux-ci, faute de pouvoir les contraindre, à mieux gérer les allocations (par la récupération des indûs, par exemple) et à insérer plus efficacement les allocataires (suivi individualisé, actions d'insertion volontaristes).

L'imparfaite compensation des transferts de compétences n'explique pas les difficultés budgétaires des départements

En conclusion, l'Etat finance environ 80% des dépenses du RMI (hors actions d'insertion à l'initiative des départements). Il rembourse aux conseils généraux plus que ce qu'impose la constitution, mais il reste une part contestée, qui s'est accrue de 2004 à 2008.

Il faut noter que l'évolution des dépenses au titre du RMI varie selon les départements.

De même, l'insuffisante compensation par l'Etat du coût réel des nouvelles compétences transférées ne suffit pas à expliquer la situation budgétaire difficile que traversent actuellement certains départements. Il faut rappeler que la crise économique a aussi entraîné, en 2008 et 2009, une diminution de leurs recettes fiscales, notamment sur les transactions immobilières.

Enfin, arguant de la clause de compétence générale, les conseils généraux ont engagé des initiatives facultatives, souvent pertinentes et généreuses, utiles à la population ou favorables au développement économique du territoire, mais coûteuses et politiquement difficiles à abandonner.

Sources :

1. Carrefour local : Réponse à une question parlementaire écrite parue au JO Assemblée nationale du 11/04/2006

2. Limitation de la durée de versement de l'Allocation Spécifique de Solidarité (ASS)

3. Document de travail DREES sur les dépenses sociales en 2007 http://www.sante.gouv.fr/drees/seriestat/pdf/seriestat133.pdf

4. Document DGCL sur la compensation des transferts de compétences

5. Rapport d'information intitulé « Financement du RMI : sortir de l'impasse par une plus grande responsabilité sur les dépenses » n° 206 (2006-2007) de M. MERCIER fait au nom de l'observatoire de la décentralisation, déposé le 1er février 2007

6. Proposition de loi du groupe socialiste http://www.martine-martinel.org/photos/doc_2.pdf

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27 juillet 2009 1 27 /07 /juillet /2009 16:42

Je souhaite apporter quelques nuances à des opinions tranchées sur les dépenses des collectivités locales. Une idée fréquemment exprimée est que les collectivités locales dépensent trop. Avant la crise économique, le gouvernement ne manquait pas une occasion de le rappeler.

Certes, les dépenses des collectivités ont fortement progressé ces dernières années, avec le développement de l'intercommunalité. En effet, le regroupement des communes n'est pas toujours mené à terme de manière rationnelle : les communes conservent des compétences et du personnel en doublon, des syndicats intercommunaux perdurent de manière plus ou moins fondée, ... Nous avons aussi tous des exemples de dépenses qui nous paraissent inutiles ou inopportunes au regard d'autres priorités.

Mais les collectivités locales sont les premières à financer des investissements civils : équipements publics, écoles, routes, etc... C'est un moteur de l'économie réelle (marchés publics pour les entreprises, emplois...) puissant, même en période de crise. Pour preuve, le Ministre de la Relance se réjouit tous les jours des conventions FCTVA passées entre l'Etat et les collectivités locales pour qu'elles accélèrent leurs dépenses d'investissement.

A contrario, l'Etat serait un parangon dans la gestion et maîtriserait ses dépenses. Effectivement, l'Etat cherche à faire des économies en faisant le minimum en matière d'équipement civil et en transfèrant compétences et fonctionnaires aux collectivités locales. En outre, les compensations accordées en contrepartie des transferts et les dotations aux collectivités sont stabilisées. Mais, à la lecture du dernier rapport de la Cour des Comptes sur l'exécution de l'exercice budgétaire 2008, il semblerait que l'Etat pourrait encore améliorer la maîtrise de ses dépenses et que la crise n'explique pas, à elle seule, la dégradation de son endettement.

J'ajoute que la situation financière des collectivités locales est bien prise en compte dans le calcul effectué pour vérifier les critères de Maastricht. Cependant :S'agissant du déficit, (maximum 3% du PIB), elles n'y contribuent pas puisqu'elles sont tenues de voter leur budget en équilibre (contrairement à l'Etat) et que les déséquilibres qui apparaîssent dans les résultats, à la fin de l'exercice, sont comblés l'année suivante par l'autofinancement ou la contraction d'emprunts.S'agissant de la dette, (maximum 60% du PIB) les emprunts des collectivités sont comptabilisés. Mais en 2007, leur dette représente moins de 10% de la dette publique, en léger accroissement par rapport aux années précédentes, du fait du cycle électoral (fin de chantiers à la proximité de sélections, pour faire bref...).Ce commentaire est long et contient malgré tout des raccourcis et des omissions.

En guise de conclusion, les collectivités locales sont globalement bien gérées et en bonne santé financière. Elles ont bénéficié de ressources faciles pendant vingt ans et n'ont pas été obligées de réfreiner leurs dépenses. Mais cette époque semble révolue. Elles vont déormais apprendre à gérer de manière plus parcimonieuse, à recourir à des procédures de contrôles de gestion et autres outils pour améliorer le rapport coût / efficacité de leurs actions.

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